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Les projets de protection du climat menés à l’étranger sont essentiels pour atteindre les objectifs climatiques de la Suisse.

 

Pour atteindre les objectifs climatiques ambitieux à l’échelle mondiale, il convient de mettre en œuvre des mesures qui soient efficaces rapidement. Au lieu d’augmenter les prix de la consommation d’énergie en Suisse, et donc également l’externalisation des émissions de CO2, il serait plus judicieux d’induire à moindre coûts des économies de CO2 à l’étranger.

Certaines parties prenantes de la gauche et des Verts souhaitent imposer en Suisse des mesures de protection du climat non sans arrière-pensées protectionnistes. « Ce n’est qu’ainsi que nous parviendrons à ce que l'argent dépensé pour la protection du climat reste en Suisse », écrivent les initiateurs d’une pétition en ligne.

Associer des plans économiques à des mesures de protection du climat est, en fait, préjudiciable à la protection du climat, car le potentiel de nouvelles économies de CO2 en Suisse est pratiquement épuisé. Cela signifie que les mesures prises en Suisse sont onéreuses et qu’elles ne contribuent pratiquement pas à la protection du climat.

Même effet sur le climat

Les économies de CO2 en Suisse coûtent aujourd’hui 100 à 300 francs par tonne de CO2, la tendance étant à la hausse. À l’étranger, elles ne coûtent que 5 à 35 francs. En investissant les mêmes moyens dans des mesures à l’étranger, nous pourrions donc faire 60 fois plus pour la protection du climat.

Contrairement aux émissions mondiales de CO2, celles de la Suisse ont diminué depuis 1990. Néanmoins, le total des émissions augmente en raison de la consommation helvétique. Cela signifie que les émissions de CO2 pour la production des biens consommés en Suisse sont de plus en plus délocalisées à l’étranger.

Ces faits montrent bien qu’il serait judicieux de mettre en place un dispositif flexible qui permette de prendre des mesures de compensation tant en Suisse qu’à l’étranger. Pour la protection du climat, le lieu où sont réalisées les économies n’a aucune importance. Le changement climatique est un défi mondial et le problème doit donc être traité à ce niveau. L’Accord de Paris sur le climat offre le cadre approprié.

En cohérence avec l’Accord de Paris sur le climat

Selon l’Accord de Paris, les réductions d’émissions peuvent être négociées entre différents États et prises en compte dans les objectifs de réduction. Mais cela crée une nouvelle situation, car désormais tous les pays sont contraints de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

« Lorsqu’un pays vend des réductions d’émissions, ces dernières ne peuvent pas être prises en compte pour l’atteinte de ses propres objectifs de réduction. Les réductions vendues doivent être mesurées correctement et ne pas être comptabilisées deux fois. », explique l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) à Pétrosphère.

La communauté internationale travaille actuellement à l’élaboration de règles de mise en œuvre. Celles-ci doivent être adoptées en décembre 2018 lors de la prochaine conférence sur le changement climatique à Katowice.

« Les nouvelles approches doivent garantir l’intégrité environnementale et la transparence, éviter tout double comptage et contribuer au développement durable », précise l’OFEV.

Il incombe au secteur privé d’identifier et de mettre en œuvre, dans ce contexte, les projets les plus efficaces.

Précieuses expériences

La Suisse a déjà mené avec succès des projets de compensation à l’étranger. La fondation Centime Climatique a réalisé ces projets et acquis une expérience importante pour la phase qui va suivre. Cette fondation a été créée sur une initiative volontaire de la branche pétrolière. Le centime climatique a permis à la Suisse d’atteindre ses objectifs de réduction pour la période 2008-2012.

Entre 2008 et 2012, la fondation a pu financer une économie de 16 millions de tonnes de CO₂ à l’étranger. Le coût pour une tonne de CO2 était d’environ 15 francs.

Pour la période 2013-2020, les centimes climatiques peuvent permettre de financer des économies de plus de 20 millions de tonnes de CO2. Pour ce faire, la fondation a investi par exemple dans les projets suivants :

  • Vente d’installations au biogaz composées de plastique recyclé à des ménages ruraux au Kenya
  • Utilisation de bioéthanol issu d'une production durable à Madagascar
  • Réduction accordée pour le raccordement au réseau d’électricité au Sénégal

La prise en compte de telles mesures se fait selon des mécanismes adoptés à l'échelle internationale. La Suisse a en outre posé des exigences supplémentaires. Marco Berg, directeur de la Fondation pour la protection du climat et la compensation de CO₂ KliK, souligne : « Les processus de prise en compte sont quasiment identiques en Suisse et à l’étranger. »

Il n’est pas encore certain que la Suisse parvienne à atteindre les objectifs de réduction pour 2013-2020. Mais d'après les prévisions, il est clair que ces objectifs ne seront pas atteints si les réductions à l’étranger ne sont pas prises en compte. Des mesures à l’étranger doivent donc pouvoir être mises en œuvre sans aucune restriction. Le parlement devra se prononcer sur ce point lors des prochains débats relatifs à la loi sur le CO2.

 

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